Sortie : 2004
Label : Universal
Mise au point : Denver Harbor n'est pas Fenix*TX. Mais un peu quand même. J'm'explique. Autrefois, Fenix*TX était un (très bon, si on aime le genre) groupe de pop-punk, repéré par Mark Hoppus (bassiste de Blink 182), et même par sa soeur Anne, qui les avait vu venir. Le groupe tourne avec Blink, cartonne avec le single "All my fault" (dans le clip duquel se ballade Hoppus, d'ailleurs) et vends quelques millions d'albums, notamment de son 2e, Lechuza, plus sérieux et abouti, et dont un extrait figure sur la BO d'American Pie 2, gage de bon goût et de talent. Hélas, quelques problèmes personnels font exploser le groupe, qui va se séparer, vaguement se réunir, se séparer,... avec changements de personnel à la clef. Comme il en a marre, en 2002, Will Salazar (chanteur-guitariste et pilier du groupe) forme Denver Harbor, qui accouche donc en 2004 de ce très bon Scenic.
Tout ça pour dire quoi ? Ben que les deux groupes sont quand même vaguement incestueux (beuh). D'abord par le personnel (en plus du chanteur, les deux groupes partagent le même guitariste, Chris Lewis - que j'ai vu cracher des flammes sur scène, mais c'est une autre affaire), et surtout par sa musique. Pas tout à fait. Mais pas loin non plus.
Scenic, c'est donc Lechuza que l'on aurait musclé et (un peu) diversifié. Oui oui, les deux à la fois. Au niveau du son, c'est très punk-rock californien, et assez rock en même temps. Disons qu'il suffit de l'entendre pour savoir qu'ils jouent sur Gibson et qu'ils ont des amplis Mesa Boogie. Pas de telecaster sur Vox/Fender comme 36364674335654 (et je retiens 2) groupes de pop anglaise. Par rapport à Fenix*TX le son s'est épaissi, a pris du muscle sans s'engraisser, du relief sans rugosité (ce qui plait ou pas). C'est Marc Trombino qui est à la prod' (Le "Dude Ranch" de Blink entre autre, mais aussi Jimmy Eat World, Finch, Drive like Jehu, Something Corporate, Ash,... RIP dude). Les structures sont carrés, simples (intro/couplet/refrain/couplet/refrain/chorus ou pont/refrain), accrocheuses mais pas faciles. On sent aussi que le groupe a lâché les paroles prout-cons-heatbreak de leurs jeunesse, et qu'ils ont un peu muri. Ca parle beaucoup de filles, certes, mais on est plus dans les questions sur les amours passées et le couple présent que sur les boobs, si je puis m'exprimer ainsi. Je vais pas vous faire le coup de l'album de la maturité... mais quand même !
Pour le reste, les compos envoient. Vous attendez pas à des trésors d'inventivité dans les riffs, mais ça envoie, et sans faillir. "Xenophobia" vous saute directement à la figure, "Picture perfect wannabe" est classique est efficace, "Outta my head" (peut-être mon titre préféré) s'offre une rythmique reggae sur les couplets, une petite montée en puissance puis un refrain vénèr' et mélodique, "Satisfied" est ultra-mélodique itou, "All I want" tient presque de la power-ballade punk-rock (un concept, ça). "The Ride" m'évoque certaines rythmiques ska, puis explose façon mur du son émotionnant (second titre préféré). Si "Move On" (très bon) rappelle les racines punk-pop accrocheuse du groupe, le dernier titre, "Let you go" est malheureusement plus faible. C'est heureusement le seul titre bof sur un album de 12 chansons, ça reste acceptable. Bon, je vous fais pas tout le track-by-track de l'album, mais je pense que vous avez compris le topo.
Ah oui, accessoirement le batteur bastonne dur, ce qui est toujours une qualité.
Voila. tout ça pour dire que si Scenic n'est pas le disque d'une vie, ça peut être sans souci un bon pilier d'une discothèque punk-pop/pop-rock. Si je ne l'écoute pas tout les jours, il revient quand même très régulièrement sur ma platine. Varié, jamais chiant, jamais lourd, musclé comme il faut-quand il faut, bien chanté, bien produit, mature. Tentez le coup.
Vimaire
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