jeudi 5 juin 2014

[Live-report] Block Party, 24 avril 2007 - L'Aéronef, Lille

(NB : ceci n’est pas le recyclage d’une vieille chronique poussiéreuse ressortie un soir d’inspi’ à sec. Mais la publication d’une chronique jamais mise en ligne nulle part non plus qu’imprimée papier. Et comme le concert était bon… Enjoy _ j’espère)

Petite appréhension avant ce concert. De deux choses l'une : Ou Bloc Party allait faire pschiiit sur scène, se révélant, après deux albums bons voire très bons n'être que l'un des plats combos qu'Albion exporte en permanence. Ou bien le quartet, armé de compos bétons, allait ce soir botter des culs, dont le mien qui, par parenthèse n'attendait que ça, mais je m'arrête là avant de sombrer dans le porno. La seconde hypothèse a par bonheur prévalu, malgré un obstacle majeur : le public.

En effet, cela frappe dès l'entrée dans l'Aéronef : le public craint. La soirée ne fera que confirmer cette prémonition, trois rares clampins pogottant vaguement devant la scènes alors que, merde, le matos de Bloc Party vaut quand même mieux que ça. Mais la majorité du public est atrocement jeune, et c'est manifeste, peu sont venus écouter les auteurs de deux albums juvéniles et brillants. La masse est là pour ouïr le groupe à la mode responsable de « Banquet ». On a donc droit aux rebuts des lycées et des premières années étudiantes de Lille, la touffe grotesque et l'Ipod de rigueur pour eux, la frange blonde bête et la prétention in pour elles. Bref, c'est la fête du slim, et ça sent d'une lieue l'amicale des auditeurs du Mouv'. Petits cons, va.

Parmi ceux-ci, je décernerais une mention spéciale aux deux déplorables connards nous ayant jouxté une bonne partie de la soirée. Le premier, encombré d'une acné pas volée, d'une binouze et d'une correspondante allemande, fait gracieusement savoir alentour que c'est bon, encore deux verres et il s'la tronche. Le vilain se fait d'ailleurs torcher peu de temps après par un gonzier de la sécurité, le nabot ayant eut l'idée d'allumer une toussante pour faire plus virile. Raté, depuis le début de l'année on n'a plus le droit de pétuner en vase clos. En ce qui concerne la Germaine, l'ahuri en sera d'ailleurs quitte pour se la coller sur l'oreille ce soir, soit que la drôlesse ait éventé sa pauvre ruse, soit que prendre une Allemande à la bière revienne à vouloir enseigner la corrida à un Madrilène. Incroyable ce qu'une belle veste peut provoquer de joie mesquine chez l'honnête pékin que le minet irrite. L'acolyte du navrant, plus con encore si c'est Dieu possible, garde ses écouteurs vissés aux écoutilles, et s'envoie fortissimo David Guetta (!!!) dans les esgourdes, y compris durant la première partie des pourtant pas dégueus Biffy Clyro. L'irréel abruti nous gratifiera même, entre ceux-ci et la tête d'affiche, d'un hallucinant numéro de danse Ibiza-staïle, le tout parfaitement seul au beau milieu de la foule patiente. Rigolade.


Après le mélange pop, rock indé et disto metal des gouleyants Biffy Clyro (Gordon Moakes dans la fosse pendant le set) et une attente un peu longuette, entrée en scène des new kids on the Bloc . Mise en place. « Song for Clay ». Totalement a cappella d'abord, puis les guitares s'en mêlent, et le public a le bon goût de se manifester, l'apathie pas encore totalement infusée. Le groupe bastonne direct, et toutes les craintes que l'on avait pu nourrir quand à la voix de Kele Okereke en live se dissipent illico. Le bougre va délivrer ce soir une prestation magistrale, assurant des parties vocales à filer le frisson. Le tout d'une justesse impeccable, même au cœur des aigus les plus périlleux. Impressionnant. Le son général est plutôt bon, alors que l'Aéronef se traîne une réputation de salle à l'acoustique très moyenne. On aurait pas craché sur un « Banquet » plus souple, sur des sons clairs plus limpides, mais le côté dépoli du live participe de son charme, et ce soir, « ça l'fait », et plutôt bien.

Si tous les membres du groupe brillent ce soir, Matt Tong, le batteur, explose littéralement pendant tout le set. On l'savait, notez. « On l'savait, mais pas à c'point là ». Déjà débloquant sur disque (en particulier sur The Silent Alarm), son jeu live a de quoi rendre fou, puissant et serré, heavy et cinglant à la fois, avec une patte personnelle jamais entendue ailleurs. Comme si des rafales de plomb giclaient mathématiques. Le gamin vire d'ailleurs sa liquette dès la fin du premier titre. Certains trouveront que c'est bien d'un poseur. Sauf que ledit poseur va faire voler ce soir des litres et des litres de sueur, martelant ses fûts comme on cogne au bélier. Le monstre à tête d'Harry Potter se paye même le luxe d'assurer quelques chœurs où il met ses tripes, et reste en permanence incroyablement en place. Toute la soirée, la Bloc Batterie nous colle au mur.

Sans faire le show ('pas un truc de bassistes, ça) Gordon Moakes, c'est l'énergie rentrée, sobre et presque sombre, mais impeccable, pince-sans-rire et tendue. Donnant du chœur lui aussi, il s'offre même un petit air de... xylophone en intro d'un titre. La classe à l'anglaise. Russel Lissack, maigrichon aigu et sérieux est quant à lui le chouchou de ces dames, quasi-kawaï un peu en retrait. Il trimbale d'ailleurs sur ses amplis une jolie collection de peluches, probables cadeaux d'une cohorte de fan-e-s sans doute plus émotives que pubères. Mais n'allez pas croire que. Derrière sa mèche et une timidité sans doute plus grande encore, le gringalet plaque sur les rythmiques de Kele Okereke des riffs pointus, élastiques et tranchants et sort de ses Telecasters des solos comme on en entend beaucoup trop peu dans la galaxie pop-rock.


La set-list mêle à parts égales des titres du premier et du deuxième album : « Song for Clay » donc, « Helicopter », « Banquet » évidemment, « I still remember », « Where is home », « Positive tension », « Uniform » (sur lequel votre serviteur pète légitimement un boulon, voir pourquoi dans la chronique de l'album A Week-End...),... . Comme souvent, le live transforme en moment de gloire les bonnes compos (et Bloc Party en aligne de nombreuses), et permet de rendre un peu de force à certains morceaux un peu mous sur disque. En l'occurrence, ce sont quelques titres du deuxième album, où le groupe semblait s'être concentré sur la mélodie au détriment du muscle et du nerf. Rien n'y fait cependant. A part quelques fans motivés devant la scène, le public est apathique, et répond mollement à un un groupe qui pourtant maîtrise parfaitement son sujet, et dont le chanteur ne rechigne pas à s'adresser à la foule. Mais les balcons semblent s'en foutrent, le parterre à peine moins. Alors, le show achevé (durée standard, une heure quinze à une heure trente disons, un peu court), on sort rapidement, et l'on va se jeter une Chimay et une Martin's, débriefant le concert en constatant que même la masse des endives présentes n'a pas réussi à pourrir ce moment. 'Z'auraient pu jouer « Luno », quand même. Sacré groupe, quand même.



Vimaire








NB : Je n'ai aucun droit sur les photos (perdu les miennes dans un accident de disque dur, bordel), les photos illustrant ce billet sont de M. Nicolas Huret pour le site lillelanuit.com.

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