vendredi 28 mars 2014

Shakra - Rising

Sortie : 2003
Label : AFM Records (lien)
Genre Hard rock

On ne choisit généralement ni son nom ni son prénom, comme le prouvera d'ici peu l'autobiographie de la petite Mégane Renault intitulée Comment mes parents ont ruiné ma vie, ou pourquoi j'ai flanqué un procès à mes géniteurs. On ne choisit ni son prénom ni son nom, donc, mais on choisit en général celui de son groupe, ce qui, dans le cas qui nous préoccupe aujourd'hui, pose la question de la drogue en milieu chevelu helvétique. Car Shakra, (ex-Ruckus, pas mieux) est un groupe de hard rock suisse qui fait de bons albums avec un nom pourri. Chacun porte sa croix.



Décrire le son de Shakra est compliqué car le groupe fait dans ce domaine dans le moyen, le classique, sans que l'on puisse le classer dans l'un des sous-familles du hard. Ça n'a ni les blueseries à la AC/DC, ni les tics too much du sleaze rock du LA des 80's, pas le raccolage FM Bonjoviesque ... Non, Shakra la joue classique-modernisé dans le son, mid-tempo dans le rythme (avec quelques accélérations quand même), propre dans la disto, a peine creusée parfois lorsque les riffs empruntent quelques couleurs au heavy metal. Le line-up respecte les besoins du genre, 1 chanteur, basse, batterie et duo de guitares, celles-ci solidement tenues, sans artifices inutiles. La section rythmique est carrée, la prod' (oeuvre du guitariste lead) de bon niveau, même si un peu plus de gonflette n'aurait pas fait de mal. On est loin quand même de tout amateurisme, c'est très correct et efficace, musclé, à l'essentiel.

Bon, convenons-en, le paragraphe précédent ne laisse pas présager quelque chose de très bandant. Et pourtant, Rising est un bon album, un très bon album de hard récent, là où une bonne partie des groupes actuels ne font que recycler (certes avec talents, parfois) les grands anciens (Faut-il vraiment souligner qu'il y a beaucoup d'AC/DC et de Rose Tattoo chez Airbourne ?). En 46 mn, le groupe envoie 11 titres, dont deux ballades, certes, mais aussi 9 morceaux (9 + 2 = 11, oui) d'un hard rock simple mais pas simpliste, catchy, carré, attachant, efficaces, entraînant mais pas FM. Les deux guitares (Thomas Muster à la rythmique, Thom Blunier à la lead) sont bien tenues, les riffs bien foutus, hard honnête et costaud avec ici où là ("Rising Hig", "Trapped") une petite saveur métal sympathique. Les (courts) solos sont des classiques instantanés, avec parfois quelque chose du Scorpions des années 80, en moins brillants mais plus gonflés. Mark Fox au chant, dont c'est ici le 1er opus avec le groupe (le groupe a déjà aligné 3 albums et un live avec un certain Pete Wiedmer au micro) est vraiment très bon, voix jeune et éraillée qui va bien et une aptitude à pondre des refrains presque épiques qui doivent déboîter en live ("RISING HIGH/UP TO THE SKY !", "THIS IS MY LIFE/THIS IS MY WORLD !", presque tous les titres en fait). Alliés aux riffs, ça va vous faire taper du pied (ou hedbanguer pour les plus expressifs) et chantonner devant votre chaîne, ou mimer la batterie, solide comme pas deux. Et avant de dire non, écoutez le single évident "Done me wrong", on en reparlera après.

Au niveau des paroles, incroyable mais vrai : nous sommes dans un album de hard rock et il n'y a AUCUNE allusion graveleuse. Rien. Nib. Des clous. Pas la moindre trace de cul. Mais une forte dose de cucul pour le coup (répétez ça très vite pour voir), dans les deux ballades. La première surtout, "I will be there", catastrophique, "agrémentée" de claviers, clichée, mélo, bêtasse, on finit par l'apprécier pour ses défauts, mais 'faut vraiment avoir un bon sens de la dérision. La seconde, "Anything" limite les dégats grâce à des arpèges plutôt que des synthés, et des lignes de chants aptes à émouvoir un peu (au moins sur les couplets), pour peu que vous ayez eu des peines de coeur quand vous étiez ado. Ah oui, on y trouve aussi des images poétiques d'une rare force : "You and me/were wild and free/like two eagles in the skyyyyyyyy" (!). Les paroles des autres morceaux  tournent toutes autours de trois thèmes : amours passées (plus ou moins heureuses), amours actuelles (plus ou moins conflictuelles) et affirmation de volonté/force/indépendance/espoir (tout ça, oui). Toutes sont signées Mark Fox, et au vu de ses remerciements dans le livret ("Big thanks to (...) all those who believed in me and all those who didn't (for giving me the strength to show you what I'm capable of)", on sent que le lycée n'a pas dû être facile, et que certaines paroles sont dédiées à ses détracteurs...

Pour toutes ces raisons, Rising est un album plus que bon, sans le génie des grands anciens peut-être, mais avec une bonne dose de talent. Malgré l'un des pires artworks qu'il m'ait été donné de voir (Photoshop m'a tuer) (et encore, attendez de voir le contenu du livret), une galette solide qui convint par ses nombreuses qualités et que ses rares défauts rendent presque attachante.


Vimaire

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